"Le père nouveau genre? La paternité dans Modern Family, Parenthood et Tara dans tous ses Etats"
Peter Marquis, MCF études américaines, Université de Rouen
L’insistance justifiée des études de genre sur la construction sociale des catégories femme/homme a quelque peu éclipsé un autre duo facteur de différenciation, la dyade mère/père. Le même écueil se retrouve dans les études sur les séries qui tendent à s’intéresser davantage aux individus qu’à leur relation au sein de la famille.
Mon intervention se propose de réfléchir à la construction médiatique du genre à travers l’étude des figures du père dans trois séries américaines récentes : Modern Family (2009- ; ABC), Parenthood (2009- ; NBC), et Tara dans tous ses états (2009-2011 ; Showtime). Ce sont des comédies diffusées à heure de grande audience sur des chaînes gratuites, sauf la dernière, retransmise sur une chaîne payante considérée comme la rivale de HBO. L’ambition de cette recherche est de contribuer au renouveau des études sur le genre en interrogeant la manière dont ces séries représentent les liens entre les identités de père et les identités d’homme. L’accent est mis sur la façon dont les publics interprètent ces représentations.
Ces trois séries participent de la tendance actuelle à représenter la paternité dans toute sa diversité sociale et sexuelle. Modern Family, par exemple, montre un couple d’hommes homosexuels, parents adoptifs d’une jeune vietnamienne. Parenthood se penche sur plusieurs types de paternité : le patriarcat, le père actif investi auprès de ses enfants, le père au foyer, le père par accident. Tara dans tous ses états, présente un père célibataire, ou virtuellement célibataire, car la mère de leur deux enfants souffre d’un trouble dissociatif de la personnalité qui la fait chroniquement disparaître derrière des personnages d’emprunt. Outre ce corpus principal, des comparaisons seront faîtes avec les figures du père dans Borgen, Breaking Bad, Desperate Housewives, Fais pas-ci, Fais pas-ça, Parents, Mode d’Emploi ou encore la comédie québécoise Les Parent.
Quelle place est attribuée aux pères dans ces programmes ? Les archétypes hollywoodiens sont-ils conservés, battus en brèche, reconfigurés aux attentes de spectateurs dont les propres parcours familiaux sont de plus en plus complexes ? Traditionnellement, le père hollywoodien se décline en trois types : le bouffon incompétent, l’autoritaire colérique, ou le papa poule. Tous ont en commun d’être ridicules, ou du moins objet d’une certaine moquerie, même affectueuse. Par l’effet itératif, ces modèles médiatiques brouillent les cartes de ce qui pourrait constituer une formation par l’écran au métier de père. Il y a un enjeu sociétal à comprendre le portrait qui est fait des pères sur les écrans car de nombreuses études montrent que non seulement de plus en plus d’enfants sont élevés seuls par leur mère, mais encore que les chances de désocialisation sont plus grandes pour les enfants dont le père est absent, physiquement ou symboliquement (Coontz, 2000, 223).
La méthode retenue cherche à marier analyse du contenu et études de réception. Elle tente de mettre en regard une typologie des représentations du père (obtenue par codage) avec des aperçus qualitatifs (entretiens post visionnage ; commentaires issus de sites de fans).
Peter Marquis, MCF études américaines, Université de Rouen
L’insistance justifiée des études de genre sur la construction sociale des catégories femme/homme a quelque peu éclipsé un autre duo facteur de différenciation, la dyade mère/père. Le même écueil se retrouve dans les études sur les séries qui tendent à s’intéresser davantage aux individus qu’à leur relation au sein de la famille.
Mon intervention se propose de réfléchir à la construction médiatique du genre à travers l’étude des figures du père dans trois séries américaines récentes : Modern Family (2009- ; ABC), Parenthood (2009- ; NBC), et Tara dans tous ses états (2009-2011 ; Showtime). Ce sont des comédies diffusées à heure de grande audience sur des chaînes gratuites, sauf la dernière, retransmise sur une chaîne payante considérée comme la rivale de HBO. L’ambition de cette recherche est de contribuer au renouveau des études sur le genre en interrogeant la manière dont ces séries représentent les liens entre les identités de père et les identités d’homme. L’accent est mis sur la façon dont les publics interprètent ces représentations.
Ces trois séries participent de la tendance actuelle à représenter la paternité dans toute sa diversité sociale et sexuelle. Modern Family, par exemple, montre un couple d’hommes homosexuels, parents adoptifs d’une jeune vietnamienne. Parenthood se penche sur plusieurs types de paternité : le patriarcat, le père actif investi auprès de ses enfants, le père au foyer, le père par accident. Tara dans tous ses états, présente un père célibataire, ou virtuellement célibataire, car la mère de leur deux enfants souffre d’un trouble dissociatif de la personnalité qui la fait chroniquement disparaître derrière des personnages d’emprunt. Outre ce corpus principal, des comparaisons seront faîtes avec les figures du père dans Borgen, Breaking Bad, Desperate Housewives, Fais pas-ci, Fais pas-ça, Parents, Mode d’Emploi ou encore la comédie québécoise Les Parent.
Quelle place est attribuée aux pères dans ces programmes ? Les archétypes hollywoodiens sont-ils conservés, battus en brèche, reconfigurés aux attentes de spectateurs dont les propres parcours familiaux sont de plus en plus complexes ? Traditionnellement, le père hollywoodien se décline en trois types : le bouffon incompétent, l’autoritaire colérique, ou le papa poule. Tous ont en commun d’être ridicules, ou du moins objet d’une certaine moquerie, même affectueuse. Par l’effet itératif, ces modèles médiatiques brouillent les cartes de ce qui pourrait constituer une formation par l’écran au métier de père. Il y a un enjeu sociétal à comprendre le portrait qui est fait des pères sur les écrans car de nombreuses études montrent que non seulement de plus en plus d’enfants sont élevés seuls par leur mère, mais encore que les chances de désocialisation sont plus grandes pour les enfants dont le père est absent, physiquement ou symboliquement (Coontz, 2000, 223).
La méthode retenue cherche à marier analyse du contenu et études de réception. Elle tente de mettre en regard une typologie des représentations du père (obtenue par codage) avec des aperçus qualitatifs (entretiens post visionnage ; commentaires issus de sites de fans).