Genre en séries : cinéma, télévision, médias
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"Questionner la binarité des genres dans les séries TV: l'exemple de la masculinité au féminin dans Glee"
Barbara Dupont, assistante à l'Institut des hautes études de communications sociales (IHECS, Bruxelles) et doctorante en communication à l'Université de Louvain-la-Neuve (UCL) 


La féminité masculine, exemple sans pareil de la nature mouvante du genre, pousse à son paroxysme le postulat constructiviste du genre comme expression sociale du sexe. En effet, des individus de sexe féminin interprètent ici leur genre d'une façon qui ne se contente pas de dévier des prescriptions sociales, mais qui se positionne carrément à l'opposé de celles-ci, incarnant alors une réalisation complexe du rapport sexe/genre. Cette interprétation tout à fait particulière de la masculinité ne demeure toutefois que timidement abordée, tant au sein du monde académique que dans la culture populaire. Cette dernière ne prend que peu de risques sur ce terrain et, lorsqu’elle s’y aventure, tend à placer ses conclusions hors des considérations de genre. Les exemples ne manquent pas : le trope de l’adolescente masculine se métamorphosant en femme délicate et épanouie (qui relève immanquablement d’une forme de résistance à l’âge adulte plutôt qu’à la féminité elle-même), l’image du personnage autoritaire dont l’attitude masculine est compensée par une hyperféminisation visuelle, ou encore la femme virile comme personnification du stéréotype lesbien, sont autant d’exemples qui éludent toute trace de réflexion sur les prescriptions sociales de la performativité genrée.

Néanmoins, les séries télévisées, dont les qualités intrinsèques développées au fil des décennies permettent une complexité narrative remarquable, sont efficacement armées pour relever ce défi et s’aventurent progressivement hors des représentations figées généralement à l’œuvre dans les productions médiatiques destinées au grand public. Le personnage de Snoop dans The Wire (interprété par Felicia Pearson) ou, dans une certaine mesure celui de Jackie (Nurse Jackie, interprétée par Edie Falco) ébrèchent la binarité des représentations genrées en proposant des personnages exerçant leur genre de façon particulière, sans recourir aux stratégies habituelles. Toutefois, ces séries sont des programmes de chaînes dites premium, donc payantes, très peu règlementées, qui répondent aux demandes d’un public niche. Ce progressisme est donc très encourageant, mais pas encore mainstream.

En s’orientant du côté des séries de networks (chaînes gratuites soumises au règlement fédéral américain et donc accessibles au plus grand nombre), les exemples de représentations positives et réflexives de la féminité masculine se font encore plus rares. Une série se démarque cependant : il s’agit de Glee, diffusée depuis 2009 par le network Fox. La série ne se limite pas à la seule représentation de cette incarnation particulière du genre masculin (ce qui serait déjà digne d'attention), mais elle l'incorpore à son univers à travers deux personnages, en permettant ainsi une image plus riche et nuancée, car double. Ces deux femmes (Sue Sylvester et Shannon Beiste), bien que toutes deux identifiées comme masculines, présentent des profils très différents quant à leur relation au genre, une démarche d’autant plus intéressante qu’elle s’adresse à un public adolescent en pleine construction identitaire.

Cette communication propose donc de dresser un état des lieux des représentations de la féminité masculine dans les séries télévisées et les stratégies à l’œuvre à cet égard, avant d’entamer une analyse qualitative (à la fois discursive et représentationnelle) de ces deux personnages particuliers, en s’attardant sur les mécanismes adoptés dans Glee pour défier de façon active et consciente la conception binaire des genres en la remplaçant par un « continuum », et ainsi amorcer la réflexion dans le chef du spectateur. Cette démarche s’inscrit notamment dans la perspective des Cultural studies, en mettant l’accent sur les éléments potentiellement émancipatoires et empowering des séries grand public en regard de la question de la construction individuelle du genre.


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ISSN 2431-6563
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